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Bogolan, la toile de terre d'argile africaine

Le bogolan (-fini) vient de bogo qui signifie "argile" ou "boue", lan qui signifie "au moyen de" et –fini, qui signifie "tissu". Il se caractérise par des motifs représentant des scènes de la vie rurale ou urbaine africaine, ou de la nature environnante. D'innombrables idéogrammes et formes géométriques investissent le décor, dans des couleurs naturelles, pour décorer et personnaliser objets et tissus. Ainsi, l'ocre, le brun, le jaune, le noir et le blanc se mêlent et se complètent pour offrir des possibilités créatives infinies.

Bogolan, un héritage ancestral

Il s'agit ici d'une tradition ancienne, mais il est impossible de dire de quand elle date : ses origines sont inconnues. Certains spécialistes (comme Luke-Boone, 2001) affirment qu'elle remonte au 12e siècle de notre ère, mais il s'agit d'une hypothèse invérifiable en raison de la nature périssable et fragile du tissu. L'art ancestral de la fabrication du bogolan a été développé par certains peuples mandés d'Afrique de l'Ouest : Bamana, Malinké, Dogon, Sénoufo et Bobo-Oulé. Le fait étonnant est que la technique n'a pas changé depuis lors. Aujourd'hui, le bogolan est toujours fabriqué à la main au Mali et dans certains de ses pays voisins, comme le Burkina Faso, la Guinée, mais ses racines étymologiques sont le bambara (la langue parlée par les Bamana, un groupe ethnique du Mali).

Commercialisée localement au Mali dans les années 1970, la production s'est intensifiée dans les années 1980 avec l'apparition de centres de production, comme à San ou Ségou. Ce type de teinture a également été largement diffusé dans le monde, grâce aux créations des stylistes Seydou Doumbia, connu sous le nom de Chris Seydoudans les années 1980. C'est dans les années 2000 que les tissus bogolan commencent à être exportés dans le monde entier.

Cet art ancestral de la fabrication du bogolan se caractérise par des motifs représentant des scènes de la vie africaine rurale ou urbaine, ou de la nature environnante.

Le mystère de la magie du bogolanfani : Teinture et peinture à la main utilisant de la boue fermentée

La fabrication d'un bogolan prend plusieurs jours. La toile de boue (rurale) bogolanfini est réalisée par un processus entièrement manuel, composé de différentes étapes et impliquant l'utilisation de matériaux locaux et naturels uniquement.

Il s'agit d'une toile de coton plus ou moins épaisse, filée et tissée sur place, dont la largeur varie de 5 centimètres à une douzaine (et plus maintenant) de centimètres et qui est vendue en rouleaux. Ces bandes sont cousues bord à bord et à la main pour former des pièces de tissu de taille variable, puis teintes avec des colorants végétaux à base d'écorce ou de feuilles.
L'écorce donne une teinte rouge et les feuilles une teinte jaune, plus ou moins foncée selon le nombre de bains (généralement trois bains avec séchage entre chaque bain). On obtient alors du basilan fini ("basi" = plante médicinale, "lan" = résultat, "fini" = tissu).
On a découvert par hasard qu'en mettant de l'argile sur cette teinture, on obtient une couleur noire indélébile ; les oxydes de fer contenus dans l'argile se fixent sur le tissu grâce aux tanins de la teinture végétale. La pièce de tissu est ensuite séchée au soleil pour fixer la couleur.

Bogolan : Symboles et motifs

Les motifs ancestraux sont très variés et ont une signification précise : ce sont des conseils donnés aux générations futures. En voici quelques exemples :

  • deux éléments parallèles : dans la vie, il faut éviter de prendre deux chemins et être droit.
  • un seul trait : le chemin droit, celui que l'on doit suivre.
  • une ligne surmontée d'une ligne brisée : la limite à respecter. Entre voisins, il vaut mieux une petite limite que de petites histoires (proverbe bambara).
  • une succession de chevrons représente l'épine dorsale, le pilier d'une famille (à savoir le père et la mère).
  • une croix : le carrefour des chemins.
  • des triangles ouverts avec un point central : les pas du chameau qui symbolisent le voyage.
  • une ligne brisée : le chemin tortueux, pour quelqu'un qui ne veut pas payer ses dettes.

L'art de vivre Mandinka

Le bogolan est significatif par nature. Les dessins choisis sont en effet lisibles comme la marque identitaire d'une population, d'un village, mais aussi d'un artiste particulier, de sorte qu'une femme pourra certainement reconnaître ses propres productions en bogolan.

Comme tout objet d'art africain, le bogolan est un objet puissant : étant teinté de terre, il est considéré comme imprégné d'énergie vitale. Outre son utilisation comme textile dans la fabrication des tuniques des hommes et des pagnes noués des femmes, on lui attribuait des vertus thérapeutiques. Au toucher, on sent quelque chose de vital, nourri par la terre et la lumière de l'Afrique.

Références

  • Bogolan, un art du mali, Toma MUTEBA LUNTUMBUE | les alizés | voyages intérieurs | 1974
  • Le blog de Cath > Mali > Les bogolans, vous connaissez ?
  • The Ethnic home website (www.theethnichome.com)
  • Webzine Deavita.fr
  • https://www.apartmentguide.com/blog/mudcloth/

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